Premières lignes·Rendez-vous lecture

Premières lignes # 94 – Il nous restera ça, de Virginie Grimaldi

Hello tout le monde,

Aujourd’hui, c’est dimanche, le jour de notre rendez-vous hebdomadaire « Premières lignes », qui a été initié par Ma Lecturothèque. J’ai choisi de vous présenter l’incipit du dernier roman de Virginie Grimaldi, sorti en début de mois. Il s’agit de « Il nous restera ça » .

Prologue

Jeanne

Trois mois plus tôt

C’était le grand jour. Jeanne n’avait pas dormi de la nuit. Elle ajusta son chignon et y épingla le voile. Ses mains tremblaient légèrement, rendant la tâche plus ardue. Elle avait tenu à être seule pour se préparer, malgré les propositions pressantes de tout le monde de l’accompagner. Elle mesurait l’importance de cet instant, ce genre de moment charnière qui s’incruste profondément dans la mémoire pour ne jamais la quitter, et elle tenait à s’y consacrer pleinement, sans distraction. Par la fenêtre, le soleil de juin éclaboussait le parquet en chêne de la chambre. Cette flaque dorée était son endroit préféré de l’appartement. Elle apparaissait en fin de matinée, lorsque les rayons se frayaient un passage entre les cheminées de l’immeuble d’en face. Jeanne n’aimait rien tant que s’y poster, les deux pieds ancrés dans la douce chaleur. Un jour, Pierre l’avait surprise, face à la fenêtre, yeux fermés, bras écartés, inondée de lumière. Entièrement nue. Elle avait souhaité disparaître entre les lames du parquet tant elle avait eu honte, mais Pierre avait ri :

-J’ai toujours rêvé d’épouser un suricate.

C’était une demande en mariage improbable, originale, presque folle. La quatrième depuis qu’ils avaient emménagé ensemble. Elle avait décliné toutes les autres, farouchement éprise de liberté. Là, dans la flaque de soleil, séduite par la fantaisie de cet homme qui acceptait la sienne, elle avait dit oui.

L’horloge du salon sonna, elle était en retard. Jeanne jeta un dernier coup d’œil au miroir et quitta l’appartement.

Elle avait décidé de se rendre à pied à l’église, laquelle se trouvait à deux rues à peine. Sur le trajet, plusieurs regards s’attardèrent sur elle. Des têtes se retournèrent. Une jeune fille la filma avec son téléphone. Sa tenue ne passait pas inaperçue. Jeanne ne remarqua rien, obnubilée par une seule pensée : dans quelques minutes, elle serait avec Pierre. Il devait déjà être sur place, dans le beau costume gris qu’elle avait choisi.

Le parvis était vide. Tout le monde se trouvait à l’intérieur. Jeanne lissa l’étoffe de sa longue robe en tentant de maîtriser ses tremblements. Ses jambes le soutenaient difficilement. Elle plaqua un sourire sur son visage et passa les portes en bois.

Et vous, avez-vous lu ce roman ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Si non, vous tente-t-il ?

Bon dimanche soir à vous, et à très vite !

K.

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