Variations de Paul, de Pierre Ducrozet

Ce livre de 464 pages est paru chez Actes Sud en août 2022, dans la catégorie Littérature générale. Je l’ai lu en octobre et je vous donne ci-dessous mon avis.

Résumé de l’éditeur :

Antoine grandit au piano, à l’ombre du chaos européen, des mélodies de Debussy aux contretemps de Thelonious Monk, et puis un soir l’amour le trouve au fond d’un bar du Vieux-Lyon, et c’est une valse qu’il joue.

Bébé miraculé, Paul, son fils au cœur funambule, étanche sa soif de couleurs à toutes les sources – jazz, rock, punk, hip-hop. Il a un superpouvoir : il voit les sons. Le voilà qui court le monde pour débusquer les moments de grâce, chasseur de cimes et d’éblouissements.

Fille de Paul, petite-fille d’Antoine, rejetonne des années 1980, Chiara, quant à elle, écoute avec la peau, métabolise avec les jambes, dans la révélation de la transe collective. Bientôt elle mixe l’héritage pour mieux le tenir à distance, croit-elle, et dilapide ses attachements.

Des pentes de la Croix-Rousse aux lignes brisées new-yorkaises, de l’underground berlinois à la grande lumière du cap Corse, Variations de Paul est une épopée du son sur trois générations, une histoire de la musique intime, sauvage, sensorielle, qui dit ses rencontres, ses fêtes et ses descentes, entre émerveillement et mélancolie. Une exploration inquiète et tendre de la transmission, l’anti-saga d’une famille d’enfants libres où l’amour (et les malentendus) circule dans toutes les tonalités.

Après « L’invention des corps » et « Le grand vertige », toujours en phase avec les vibrations du monde, Pierre Ducrozet change de focale pour raconter une famille dont l’astre vital est la musique, une famille où l’amour (et les malentendus) circulent dans toutes les tonalités. Où l’on retrouve son énergie, sa plasticité, sa vitesse au service d’une profondeur nouvelle dans une anti- saga affranchie des modèles, une histoire intime, sauvage et informelle de la musique au XXe siècle, un roman qui danse et qui sonne comme un concert et une tempête. Au plus près des personnages, dans l’exploration de ce qui les lie et les délie, « Variations de Paul » nous happe et nous bouleverse.

Mon avis :

« Variations de Paul » de Pierre Ducrozet, c’est l’histoire d’une partition, celle de la vie et du sens à lui apporter. A travers les personnages de Paul Maleval, de ses parents et de ses enfants Léo et Chiara, à travers leurs mouvements dans le temps et dans l’espace (car oui, Pierre Ducrozet nous fait voyager dans ce roman), l’auteur réinvente l’histoire de la musique, la découverte de certains sons musicaux, et la vie de manière plus générale.

Ce roman est une histoire de tempo : tempo du cœur que fait Paul, dont la naissance tient déjà d’un miracle, tempo du temps qui passe, tempo des découvertes musicales, tempo de la vie qui s’accélère à certains moments puis ralentit, comme pour mieux profiter, vivre le temps présent…

La musique est vraiment au cœur de ce roman ; sa lecture nous donne envie de ressortir de vieux CD, de réécouter des classiques, de revoir des documentaires sur la naissance du jazz ou du hip-hop, par exemple. Ce sixième roman est pour Pierre Ducrozet l’occasion d’offrir une odyssée sonore, un voyage dans le temps fait d’allers et retours, de souvenirs et de découvertes sensorielles, d’harmonie et de cacophonie, de silence et de perception des sons, d’amitié et de filiation… Difficile parfois de suivre l’auteur, il m’a perdue plusieurs fois avec ses nombreux personnages, la complexité de sa famille réinventée, et cet autoportrait en puzzle, cette « autobiographie rêvée » telle qu’il la présente. 

« Variations de Paul » est une lecture mitigée pour ma part : il est très bien écrit, d’une plume libre et fluide, mais j’ai trouvé certaines parties trop longues. Au final, je l’ai tout de même bien aimé, ce livre ; je l’ai trouvé original, parfois too much, trop perché (lorsque l’auteur parle d’addictions notamment), et en même temps c’est une manière particulière de s’interroger sur le sens de la vie, la question de la transmission intergénérationnelle : que souhaite-t-on laisser à ses enfants ? Leur transmettre ? A quel moment peut-on se dire qu’on a réussi sa vie, qu’on a atteint son but, et laisser ainsi la place à ses enfants ou ses petits-enfants ?

J’ai apprécié la fin plutôt ouverte de ce roman ; l’auteur abandonne alors le lecteur à sa propre réflexion. Cette fin m’a émue, et c’est ce que j’aime dans la lecture : ressentir des émotions pour certains personnages. J’ai été moins touchée par ces derniers au fil des pages, peut-être est-ce parce que je n’étais pas très « disponible » pour apprécier à sa juste valeur ce roman de la rentrée littéraire 2022. A vous de vous faire une idée 😉

Roman lu en tant que jurée Coup de cœur des lecteurs de Version Femina. Lecture commune organisée par @sandrinalillebookine, avec deux autres jurées : @kiti_scarlett et @joetseslivres.

Pour aller plus loin :

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A bientôt !!

K.